La coca est une plante considérée comme sacrée dans certains pays d’Amérique du Sud. Ses feuilles sont utilisées de manière ancestrale dans certains rituels, mais aussi à des fins médicinales. Souvent assimilée à tort à la cocaïne, la feuille de coca demeure très contestée. Consommée traditionnellement par mastication, la feuille de cocaier peut également être infusée dans de l’eau. 
Vous vous demandez ce qu’est la coca ? Atalante vous donne les dates clés de l’histoire de cette plante, mais vous explique aussi les origines, effets et bienfaits de la coca, ainsi que ses enjeux et éventuels dangers.
 
                                                Les dates clés de la feuille de coca
Certaines dates clés sont à connaître pour comprendre un petit peu mieux l’histoire de la coca et les nombreux débats incessants.
- 3 000 avant J.C : premières traces de l’utilisation de la feuille de coca dans la culture andine.
- 1551 : le Conseil ecclésiastique de Lima interdit la consommation de la coca, considérée comme un obstacle à la christianisation.
- 1573 : Philippe II réautorise les cultures de coca, et les propriétaires des mines imposent la mastication à leurs employés.
- 1858 : Albert Niemann découvre l’alcaloïde cocaïne.
- 1950 : les Nations Unies écrivent un rapport sur la pauvreté en Amérique du Sud. Ce dernier présente la coca comme responsable de la pauvreté du sous-continent.
- 1961 : adoption par l’ONU de la Convention unique sur les stupéfiants qui classe la feuille de coca comme plante psychotrope. Elle devient alors illégale, tout comme sa production, son industrialisation et sa commercialisation.
- 1986 : envoi de troupes militaires américaines sur le territoire bolivien par le Président américain R. Reagan.
- Entre 1998 et 2002 : affrontements violents entre cocaleros et forces armées.
- 2002 : adoption par l’administration Bush de la Loi sur l’éradication de la drogue et la promotion du commerce andin.
- 2006 : première opposition du Président Evo Morales devant l’Assemblée générale des Nations Unies au sujet de la stigmatisation de la feuille de coca.
- 2008 : rupture de la collaboration entre la Bolivie et les États-Unis.
- 2009 : inscription de la coca dans la nouvelle Constitution bolivienne (article 384) et proposition du gouvernement bolivien au secrétaire général des Nations Unies d’amender la Convention unique de 1961 en éliminant deux apartés de l’article 49 qui interdisent la mastication de la feuille de coca. Les États-Unis et quatorze pays s’opposent à cette proposition.
- 2011 : la Bolivie quitte la Convention unique de 1961.
- 2013 : la Bolivie redevient membre de la Convention unique avec l’accord des deux tiers de ses adhérents.
- 2014 : inauguration de la journée de l’acullico, “mâcher de la coca”.
- 2017 : nouvelle législation sur la coca en Bolivie qui remplace l’ancienne réglementation qui criminalisait sans aucun discernement de simples paysans de coca.
- 2025 : à l'initiative de la Bolivie et avec le soutien de la Colombie, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) lance le premier examen critique pour savoir si  le statut de la feuille de coca reste au Tableau I (classé en tant que stupéfiant dans le système des traités des Nations Unies sur les drogues), s'il passe au Tableau II avec la reconnaissance des usages médicaux et des contrôles moins stricts, ou encore si on retire complètement la feuille de coca des tableaux de traités contre les stupéfiants. Ce serait un tournant majeur pour la reconnaissance des peuples autochtones et de leurs traditions.
 
                                                Les origines et la valeur culturelle de la coca
La feuille de coca est très souvent stigmatisée. Peu connaissent réellement les effets et bienfaits de cette plante, fréquemment associée à la cocaïne. En Amérique du Sud, la mastication de la coca est une tradition qui remonte à plus de 5 000 ans. Comme nous l’avons vu plus haut, les plus anciennes traces de son utilisation remontent au moins à 3 000 avant Jésus-Christ, selon les témoignages archéologiques, et peut donc être considérée comme essentielle à la culture andine. Chez les Incas, la coca était réservée aux personnes de très haut rang, représentant un privilège certain. Elle était un élément essentiel de leur culture par le biais de rituels et servait de monnaie d’échange. Dans la culture Tiwanaku, dominant les Andes centrales pendant plusieurs siècles, la feuille de coca était vu comme le symbole de l’union entre sacré et profane et servait de médiateur pour entrer en contact avec les divinités.
La coca a une place primordiale dans la culture sud-américaine, elle est au centre des relations sociales chez les indiens de l’altiplano et sert d’offrande à la Pachamama, ou “Terre mère”. En effet, la feuille de coca a encore une utilisation ancestrale dans certains pays comme la Bolivie ou la Colombie. Ils s’en servent pour dire bonjour, en s’échangeant des feuilles de cette plante d’un sac à l’autre. La “hoja sagrada”, ou “la feuille sacrée”, est toujours aujourd’hui le symbole de l’identité indigène en Bolivie. On peut voir l’importance économique, sociale et symbolique de la feuille de coca dans la société bolivienne contemporaine à travers certains dictons prononcés par des cocaleros comme “La coca nos da la vida”, signifiant “La coca nous donne la vie”, ou encore “La coca no es cocaïna”, “La coca n’est pas de la cocaïne".
 
                                                Les effets et bienfaits de la coca
La feuille de coca est aussi très utilisée à des fins médicales, pour améliorer les conditions liées à l’altitude, pour lutter contre la faim, ou encore pour soigner certaines maladies ou maux comme les maux d’estomac. L'Institut de Recherche pour le Développement constate que la feuille de coca permet aux paysans andins de soutenir un effort plus prolongé et stimule leur système respiratoire. Après mastication, la coca peut aider à limiter l’apparition de symptômes liés au mal aigu des montagnes, par exemple.
Dans les années 1990, l’OMS lance un programme ambitieux, en partenariat avec United Interregional Crime and Justice Research Institute (dit UNICRI) : le projet “Cocaïne OMS-Unicri”. Il s’agit de la plus grande étude jamais réalisée sur le sujet, soulignant les bienfaits pour la santé humaine de l’usage traditionnel de la feuille de coca et préconisant la réalisation de nouvelles recherches sur ses propriétés thérapeutiques. Le rapport fait scandale lors de la 48ᵉ Assemblée mondiale de la santé en 1995 et le projet est donc abandonné. Au niveau international, la Bolivie a obtenu en 2013 le soutien de 169 pays sur les 183 signataires de la Convention unique sur les stupéfiants de l’Organisation des Nations Unies, afin de dépénaliser la pratique de la mastication ancestrale de la coca.
 
                                                Les potentiels dangers et enjeux de cette feuille
C’est au moment de la colonisation espagnole que le rapport des populations andines à la plante va être impacté. Face à cette feuille de coca, les Européens vont osciller entre dégoût et fascination. D’un côté, ils veulent détruire les plantations de coca mais de l’autre, ils ont besoin de main d’œuvre efficace à l’heure de l’extraction de l’or et sans la coca, les Indiens sont moins performants. On oscille donc ainsi entre prohibition et usage imposé. Lors de la découverte des propriétés de la cocaïne à partir du milieu du 19ᵉ siècle, la représentation de la plante à travers le monde a drastiquement changé. Petit à petit, la coca est devenue synonyme de cocaïne, assimilant doucement cette plante à une drogue malgré les affirmations contraires des scientifiques. 
Après avoir été utilisée pendant des millénaires à des fins religieuses et thérapeutiques grâce en partie à ses vertus énergisantes, les évangélisateurs l’ont considéré comme un produit démoniaque et ont fini par s’en servir pour faire fortune. C’est grâce ou à cause de ses vertus anesthésiques et analgésiques que la coca va se faire remarquer dans le domaine médical, et c’est ainsi qu’Albert Niemann va découvrir l’alcaloïde cocaïne en 1858 qui permettra la constitution de médicaments utilisés comme anesthésiant local ou comme traitement des maladies respiratoires jusqu’en 1923, où Richard Willstätter va remplacer la molécule synthétique. C’est dans ce contexte que la feuille de coca va perdre sa valeur et va être tenue responsable de l’addiction de millions de consommateurs dans le monde à la cocaïne. En effet, alors que quarante et un produits chimiques sont nécessaires pour extraire le chlorhydrate de cocaïne de la feuille de coca, la législation internationale tend à confondre l’un et l’autre.
 
                                                La coca est devenue un enjeu central pour les luttes identitaires. Entre utilisation ancestrale et débat autour de son rôle dans la fabrication de la cocaïne, la feuille de coca demeure controversée. Certaines stratégies actuelles visent à réduire la production de la coca à la seule consommation de la feuille dans son état naturel par les populations andines. Ce sujet vous intéresse ? N’hésitez pas à rejoindre notre communauté WhatsApp pour échanger avec nous !
Bibliographie 
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- Vince et Manu, Feuille de coca – cocaïne, même combat ?, Traditions et coutumes vivantes de Bolivie – la feuille de coca 
- Levy Johanna, Une petite feuille verte nommée coca, Le Monde diplomatique, 2008/5 n°650, pages 20 à 21 
- Busnel Romain, Ce qui se joue dans la protestation : défendre la coca pour saisir l’État au Pérou, Critique internationale, 2019/3 N°84, pages 165 à 183 
- Faux Frédéric, Coca ! – une enquête dans les Andes, Actes Sud Editions, 2015 
- Hurtado Gumucio Jorge, La légende de la coca – mythes et réalités, Lezard, 1990 
- Basile Jean, Coca et Cocaïne, L’Aurore 
- Croci François, Coca, une feuille sacrée, Mouvements, 2016 
- Delpirou Alain, Coca et cocaïne : l’avenir - Repères chronologiques et géographiques sur la feuille de coca, la présente législation internationale des stupéfiants, vus de Bolivie et de France, Sécurité Globale, 2018
