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L’Ouzbékistan et son histoire, de l’Antiquité à nos jours

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L’histoire de l’Ouzbékistan est riche et complexe. Elle a contribué au façonnage identitaire du pays à travers ses coutumes, sa culture, mais aussi son architecture. Différentes périodes ont rythmé l’histoire de la destination et nous les abordons dans cet article. Sanjar, guide local, et Sophie Jovillard, présentatrice d’Échappées Belles, nous partagent aussi leurs connaissances sur l’Ouzbékistan et son histoire millénaire.
Anciens murs de la ville de Khiva, Ouzbékistan

Les origines de l’Ouzbékistan : une terre d’empires

L’histoire de l’Ouzbékistan possède des origines millénaires. Commençons avec l’Antiquité, qui s’étend d’environ 500 av.J.-C. à environ 300 ap. J.-C, où divers empires ont marqué le pays. En effet, Sanjar nous dit que “Chaque période a laissé des influences et des traces pour former le mode de vie actuel”. Nous vous proposons donc une chronologie des divers empires de l’Antiquité, pour une meilleure compréhension de l’Ouzbékistan et son histoire

  • De 500 av. J.-C. à 330 av. J.-C. - L’Empire perse : différentes régions sont intégrées dans cet empire, comme la Sogdiane, la Bactriane et la Khwarezmie. Ainsi, c’est une organisation en provinces administratives perses qui est en place.

  • De 330 av. J.-C. à 250 av. J.-C. - La conquête par Alexandre le Grand : aussi appelée période hellénistique. On y retrouve les campagnes d’Alexandre le Grand jusqu’à Samarkand, alors connue sous le nom de Maracanda, une fusion culturelle gréco-orientale et, par la suite, la formation d’un royaume gréco-bactrien.

  • De 250 av. J.-C. au IIIᵉ siècle ap. J.-C. - Les royaumes indépendants et les invasions : d’abord le royaume gréco-bactrien puis, arrivent les invasions des Sakas, des Parthes et des Kouchans. C’est alors le début de l’implantation du bouddhisme à travers l’empire Kouchan.

Ensuite, à partir du IIIe - IVe siècle, les grandes routes caravanières se structurent davantage et annoncent le début de la période de la Route de la Soie. Des villes comme Samarkand et Boukhara deviennent de véritables carrefours culturels et commerciaux.
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La légendaire époque de la Route de la Soie

Du IIIᵉ au XIIIᵉ siècle, c’est l’essor des cités caravanières de Samarkand, Boukhara, ou encore Khiva. Comme le dit Sophie Jovillard, “La Route de la Soie, cette route légendaire, a suscité tant de convoitises et a imposé l’Ouzbékistan comme un passage un peu obligatoire pour les voyageurs. Qu’ils soient caravaniers jadis ou voyageurs aujourd’hui.”. Sanjar, de son côté, nous explique les origines du nom de la Route de la Soie : “Le nom “Route de la Soie” existe depuis le XIXᵉ siècle seulement. C’est un chercheur allemand qui a donné ce nom pour faire référence à la marchandise qui venait de Chine. Pour l’Occident, la soie, c’était quelque chose de magique. Mais en fait, nous, dans cette région, on n’utilisait pas ce nom. On disait la route royale, la route principale du commerce, la route des échanges.”.

L’Ouzbékistan joue alors un rôle stratégique au sein des échanges entre la Chine, la Perse, mais aussi la Méditerranée. Comme nous l’explique Sanjar, “Les grands moments de l’Ouzbékistan et de la Route de la Soie, c’est à peu près du IVᵉ au VIIIᵉ siècle, jusqu’à l’arrivée des arabes. Le pays la Sogdiane était le maître du commerce. Il promouvait le commerce chinois et exportait les marchandises chinoises vers le reste du monde”. Ainsi, l’influence du bouddhisme et du zoroastrisme laisse place à l’islamisation, via les Abbassides, à partir du VIIIᵉ siècle.
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L’âge d'or islamique et l’empire timouride

Du IXᵉ au XVᵉ siècle, l’Ouzbékistan connaît l’âge d’or islamique et l’empire Timouride. Du IXe au Xe siècle, c’est la renaissance culturelle persane et islamique à Boukhara. Sanjar nous raconte : “Après la Renaissance de l’Asie Centrale, on a eu le premier pays musulman indépendant, on disait l’émirat de Boukhara. À cette période, il y a eu les grands penseurs d’Orient comme Avicenne, le grand médecin ; Algorithme, des chiffres algorithmiques ; ou encore Al-Farghani, aussi connu sous le nom d’Al-Farghanus”

Les Khwarezm-Shahs ont fait de la résistance face aux invasions étrangères, notamment envers les puissances voisines comme les Seldjoukides. Ils affirmèrent leur autorité avant d’être finalement vaincus par Gengis Khan au XIIIᵉ siècle. En effet, comme l’explique Sanjar, c’est alors que l’Ouzbékistan “a été envahi par les Mongols, avec Gengis Khan et ses descendants”.

Ensuite, au XVᵉ siècle, vient Tamerlan et son empire. Sanjar nous dit : “L’âge le plus prospère de l’Ouzbékistan, c'était l’époque Timouride avec Amir Temur, aussi connu sous le nom de Tamerlan. Il est sorti sur la scène politique pour calmer tous les désordres politiques, économiques et culturels. Il a pu rassembler toute l’Asie centrale en créant l’empire le plus vaste réuni par une seule personne. C’était un empire très puissant.”. À cette époque, Samarkand est en plein essor.
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L’époque des khanats et des conquêtes

Du XVIᵉ au XIXᵉ siècle, prend place l’époque des khanats et des conquêtes. En effet, après l’effondrement de l’empire timouride au XVᵉ siècle, l’Asie centrale se divise politiquement. Comme l’explique Sanjar : “Au XVIᵉ siècle, à cause des découvertes des voies maritimes par les Occidentaux et la prise de Constantinople par les Turcs, ces derniers ont un peu empêché le passage et monopolisé le commerce entre l’Europe et l’Asie. C’était donc pour nous un grand déclin parce que la Route de la Soie continuait à vivre entre régions mais pas entre les continents.”.

Sur le territoire de l’actuel Ouzbékistan, plusieurs khanats indépendants voient le jour entre le XVIᵉ et le XVIIIᵉ siècle

  • Le khanat de Boukhara : formé par la dynastie Chaybanides, d’origine ouzbèke, au XVIᵉ siècle. Boukhara devient alors un centre religieux, culturel et commercial majeur.

  • Le khanat de Khiva : dirigé par des dynasties turco-mongoles dans la région de la Khwarezmie, il joue un rôle clé dans les échanges caravaniers.

  • Le khanat de Kokand : établi dans la vallée de Ferghana au XVIIIᵉ siècle, il devient un rival d’importance pour Boukhara et Khiva.

Souvent en guerre les uns contre les autres, l’instabilité politique de cette période de l’histoire de l’Ouzbékistan ouvre la voie à l’expansion russe au XIXᵉ siècle.
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L’ère soviétique et son impact sur l'histoire de l'Ouzbékistan

De 1924 à 1991, l’Ouzbékistan est intégré à l’Union soviétique en tant que République socialiste soviétique d’Ouzbékistan (RSSO). Ce rattachement bouleverse profondément la société, l’économie et l’environnement du pays.

Sous l’autorité de Moscou, l’Ouzbékistan devient une zone stratégique pour la production de coton. L’État met en place une politique d’industrialisation et de collectivisation agricole forcée, transformant des régions entières en monocultures intensives. Cette dépendance au coton a des conséquences dramatiques. En effet, pour irriguer les champs, les Soviétiques détournent les fleuves Amou-Daria et Syr-Daria, contribuant ainsi à la quasi-disparition de la mer d’Aral. Ce désastre écologique majeur est encore visible aujourd’hui et Sophie Jovillard en parle dans notre épisode du podcast sur l’Ouzbékistan.

Sur le plan social, cette période est marquée par une russification culturelle, une répression religieuse et une surveillance politique permanente. L’enseignement, les médias et la vie publique sont placés sous le contrôle de l’idéologie communiste. Comme le résume Sanjar, “Pendant 70 ans sous le régime soviétique, l’Ouzbékistan a été coupé du reste du monde.”. Les échanges avec l’extérieur étaient restreints, les étrangers n’étaient pas les bienvenus, et l’Ouzbékistan restait invisible aux yeux du monde. Malgré cela, l’ère soviétique a aussi laissé des traces positives, comme la construction d’infrastructures (routes, chemins de fer, écoles) et un certain niveau d’alphabétisation généralisée.
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De l’indépendance de l’Ouzbékistan à aujourd’hui

Le 1er septembre 1991 marque un tournant décisif dans l’histoire de l’Ouzbékistan puisque le pays accède enfin à l’indépendance, suite à l’effondrement de l’Union soviétique. Le pays entame alors une nouvelle ère et commence à construire son identité nationale, tout en faisant face à de nombreux défis politiques, économiques et sociaux.

Islam Karimov, ancien membre du système communiste soviétique, devient alors le premier président de l’Ouzbékistan. Il restera en place durant 25 ans, de 1991 à 2016, période durant laquelle il instaure un régime autoritaire. Le pays mise donc sur une certaine stabilité politique au prix de l’isolement international. Au décès de Karimov, en 2016, Shavkat Mirziyoyev, ancien premier ministre, lui succède. Sa politique se veut plus ouverte, amorçant une libéralisation progressive du pays. De nombreuses réformes voient le jour au niveau économique, touristique et culturel. L’Ouzbékistan sort alors peu à peu de son isolement, de nouveaux partenariats internationaux sont mis en place et le pays joue un rôle croissant au sein de l’Asie centrale. 

Aujourd’hui, l’Ouzbékistan cherche un équilibre entre tradition et modernité. L’intérêt grandissant pour les routes de la Soie redonne une nouvelle place à ce carrefour millénaire. Le tourisme et les échanges culturels se développent et, comme le dit Sanjar, “Le fait d’être indépendant, ça nous a apporté l’ouverture au monde et on a attendu ça longtemps. C’est une nouvelle possibilité de rencontrer et d’accueillir les autres.”.
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L’histoire de l’Ouzbékistan et sa complexité se reflètent aujourd’hui dans la diversité culturelle du pays. Comme l’explique parfaitement Sanjar, “Les arabes, les Turcs, les Mongols, ils ont tous apporté quelque chose au niveau de la gastronomie, de la culture et des échanges aussi”. Sophie Jovillard exprime très bien aussi l’impact de cette histoire millénaire : “L’identité ouzbèke est très attachée à ses racines et garde ses savoir-faire et ses cultures vivantes pour continuer à raconter l’histoire de son pays.”. Si cette thématique vous intéresse, n’hésitez pas à écouter notre podcast d’aventure  — le Café des Voyageurs — et son nouvel épisode sur l’Ouzbékistan !